Article

Adrien Fouassier : "Avec Haya Zark, Monsieur et Madame Fau m’ont fait entièrement confiance"

interview - Jeune entraineur ayant passé cette année la barre des 150 victoires, après une carrière de jockey riche de plus de 700 succès, Adrien Fouassier a remporté ce samedi le premier groupe, pour pur-sang, de sa carrière.

0

Image de l'article

Interviewée après la course, Odette Fau a déclaré que vous lui aviez dit vous attendre à une belle performance de Haya Zark pour sa rentrée dans le Prix Exbury. Son succès vous a-t-il surpris ?

"Avant Haya Zark, j’ai touché des chevaux de cette trempe, mais je n’avais pas toutes les cartes en mains, je venais de m’installer et n’étais pas seul décisionnaire. Je n’ai pas pu préparer les échéances comme j’ai pu le faire avec Haya Zark, pour lequel Monsieur et Madame Fau m’ont fait entièrement confiance. Je m’attendais à ce que le cheval court bien, je n’avais qu’une seule crainte c’était qu’il manque de compétition après une grosse absence. Il avait été deux fois au gazon et cela a suffi, je ne peux pas nier que j’ai été surpris par la façon dont il l’a fait…Il m’a bluffé.

Haya Zark remporte le premier groupe de l'année en plat, une première à ce niveau pour son entraîneur absent sur la photo

Quand on voit son modèle et la façon dont il a évolué physiquement, on comprend mieux que vous ayez fait l’impasse sur la seconde moitié de son année de trois ans. Aujourd’hui sa rentrée était sur 2000m mais il donne l’impression de pouvoir aller sur la distance. Sur quel registre allons nous le voir à l’avenir ?

Il avait beaucoup œuvré à deux ans, il a pris des courses un peu dures et comme c’est un cheval qui a besoin de travail le matin, on était peut-être en surrégime. Nous avons agi différemment l’an passé, maintenant le cheval est meilleur que jamais. Je pensais vraiment qu’il n’allait pas tenir, avec son caractère il avait besoin de rythme. Mais depuis quelques semaines je commence à croire qu’il pourra le faire et aller jusqu’à 2400 mètres. Le Prix d’Harcourt (Gr.2 - le 9 avril) arrive vite, à trois semaines c’est un peu court à mon goût. On verra avec ses propriétaires et de toutes les façons c’est avant tout lui qui va nous dire. Le Prix d’Hedouville (Gr.3 - le 7 mai) et le Grand Prix de Saint Cloud (Gr.1 - le 8 juillet)… c’est un cheval qu’il faut faire vieillir, il faut être patient.

Un cheval qu’il faut suivre dans les semaines qui viennent ?

J’ai un deux an, Chester Sky, qui va débuter à Saint-Cloud prochainement. J’y vais car ce poulain est vraiment avancé, j’y crois vraiment. Le seul truc que je n’arrive pas à savoir c’est s’il est précoce ou très bon. S’il est précoce ce sera parfait, s’il est très bon ce n’est pas forcément la solution de le courir. C’est un magnifique cheval qui travaille très bien, apte à débuter, je l’aime beaucoup.

Avec 159 succès à votre actif depuis que vous êtes installé entraîneur, en 2019, l’écurie connaît une progression constante. Revendiquant depuis l’an passé ses premiers succès de groupe chez les AQPS, et désormais chez les pur-sang avec Haya Zark. Cette polyvalence, qui s’exprime aussi sur les obstacles, vous sied-elle ?

Complètement, les AQPS c’est une race que j’aime beaucoup en tant qu’entraîneur et que j’affectionnais déjà en tant que jockey. Je gagne ce samedi à Lignieres, en cross, et à Saint-Cloud, en plat, je ne vous cache pas que gagner à Paris m'a fait plus plaisir. C’est une pression différente…Ce qui est le plus important c’est de pouvoir amener les chevaux à leur niveau dans leur discipline. Je ne serais jamais un entraîneur d’obstacle, mais j’en aurais toujours un petit peu. Si j’étais présent à Lignieres et non à Saint-Cloud, c’est parce que je suis réservé, je n’aime pas trop être exposé, je suis plus bottes à choux qu’escarpins.

Même si vous nous déclarez encore être quelqu’un de tendu, on sent que vous avez définitivement endossé le costume d’entraîneur et que vous vous épanouissez dans cette nouvelle fonction. Que peut-on vous souhaiter et quel est votre principal défi pour les années à venir ?

J’ai beaucoup plus d’émotions, ce que j’ai vécu hier c’était intense. J’éprouvais énormément de plaisir en tant que jockey à monter en courses, mais ma réelle passion c’est l’entraînement. C’est difficile de tourner définitivement la page car je reste compétiteur mais je retrouve cela à travers mes chevaux et je vibre beaucoup plus. Le principal défi c’est le recrutement, on ne trouve ni la quantité, ni malheureusement la qualité. Par la force des choses, pour cette raison, j’ai réduit mon effectif à l’écurie. Le personnel est un vrai souci, même si j’ai pu construire une bonne équipe il y a un turn-over qui est assez fatigant. Maintenant j’ai compris que le plus important c’est de vivre, profiter de ma passion pleinement avec des propriétaires qui la partagent aussi."

À lire aussi

Commentaires Lire la charte

Vous devez être connecté pour saisir votre commentaire.
Si vous avez déjà un compte, connectez-vous ou créez un compte.