Jorky et Fleuron Perrine : seuls chevaux ayant réussi le triplé dans les Critériums

Jorky (1975 - 1989) est un trotteur français issu d'un certain Kerjacques, considéré comme l'un des plus grands étalon et de Vanina B, estimée comme l'une des meilleures juments de son époque. Cette dernière a brigué le Critérium des 5 ans, le Prix de France et le Prix de l'Étoile. Élevé par Bernard Billard, Jorky va rapidement apparaître comme le leader de sa génération sous la tutelle de Léopold Verroken. Il devient le premier trotteur à enlever les trois Critériums (1978, 1979 et 1980) et le Critérium Continental (1979). Avec l'âge, il va s'affirmer comme l'un des tout meilleurs trotteurs du monde.

En témoigne son palmarès ! À 5 ans, il s'adjuge par exemple le Prix de l'Atlantique et le Prix de l'Étoile, deux prestigieux Groupe I. En 1981, il doit s'incliner dans le Prix d'Amérique face à celui qui sera son grand rival durant toute sa carrière, Idéal du Gazeau. Cependant, il prend sa revanche la même année du côté de Solvalla dans l'Elitloppet. L'Amérique lui échappera une nouvelle fois dans l'édition 1984, qui voit Lurabo s'imposer. Entretemps, Jorky n'a pu disputer les éditions 1982 et 1983, victime de paraphlébite à une jambe.

"Ça me paraît compliqué de revoir ça, aujourd'hui les chevaux se tiennent de près..."

Guillaume Covès : "Mon père et mon oncle m'ont parlé de Jorky. C'est un cheval avec des origines prestigieuses. Il avait une drôle de pointe de vitesse. Ce n'était pas un gros modèle. Il avait une particularité, il avait une attache langue on aurait dit qu'il tirait la langue à ses adversaires dans la ligne droite. Face à lui se dressait une génération assez correcte. Cependant, revoir ça dans les années qui viennent me paraît très compliqué. Aujourd'hui, les chevaux se tiennent de très près. Hormis des chevaux comme Idao de Tillard ou Jushua Tree, qui pourtant avaient la qualité, n'ont pas réussi. De nos jours, il n'y a pas que les chevaux qui se tiennent de près, il y a aussi les pilotes. Auparavant, il y avait deux trois drivers au-dessus du lot. Maintenant, les courses sont beaucoup plus tactiques. Léopold Verroken est un entraîneur et driver qui avait des cracks. C'était un grand metteur au point, il savait viser juste à l'image de Jean-René Gougeon."

Mais l'exploit de Jorky a été réalisé une seconde fois dans l'histoire des Critériums. Fleuron Perrine s'est offert le prestige d'accomplir cette performance XXL (1996, 1997, 1998). Né de Ténor de Baune et Néresse, il était entraîné et drivé par Jean-Baptiste Bossuet. Dans le Critérium des 3 ans, il surprend tout le monde en s'imposant devant Florilege ou encore Fée de Billeron. Mais c'est sa course dans le Critérium des 4 ans qui va forger sa légende. Son éleveur Jean-François Mary a confié qu'il avait été impressionnant : "c'est dans cette épreuve qu'il m'a le plus impressionné. C'est l'édition qui m'a le plus marquée. Il avait eu une vitesse de base hors du commun." Pour définitivement graver son nom dans l'histoire, son entourage avait préparé comme il se devait le Critérium des 5 ans pour rejoindre un certain Jorky. La suite de sa carrière sera plus mitigée. Il brigue l'année de ses 5 ans, trois deuxièmes places dans les Prix de l'Étoile (Gr.1), le Championnat Européen des 5 ans (Gr.1) et dans le Prix de Bretagne (Gr.2).

 "Même si cette génération n'était pas extraordinaire, sa pointe de vitesse faisait merveille"

Kévin Baudon nous livre ses souvenirs : "Il a lancé la carrière de Ténor de Baune en tant qu'étalon. À 3 ans, il a aligné les succès. Sa première défaite a eu lieu à Laval, où il s'est toutefois classé troisième, après un parcours peu favorable. C'est Félicio Bello, un élève de Didier Dauverné, qui s'imposait. Lui aussi était invaincu et aurait eu ensuite une tout autre carrière sans des problèmes de santé. Avec le recul, ce lot sortait de l'ordinaire. Il est arrivé sans combat difficile sur le Critérium des 3 Ans. Même si cette génération n'était pas extraordinaire, ce qu'il a réalisé ensuite est digne d'un cheval de grande classe. Celui des 5 ans est peut-être le plus beau car plus inattendu, et le revoir de nouveau au sommet donnait du relief à son histoire. Sa pointe de vitesse faisait merveille. Il avait sans doute hérité cela de son côté maternel, sa mère étant une fille de Buffet II. Il est ensuite devenu un bon reproducteur, et a brillé en tant que père grâce notamment à Roi du Lupin ou Orla Fun.