Souvenirs des Critériums avec... Jean-François Mary pour Fleuron Perrine

"Comment s’est fait le croisement entre Ténor de Baune et Neresse ?

Neresse était une très bonne jument, qui a été accidentée. J’avais gagné trois courses de suite, une à Caen et deux à Vincennes. Quand il y a eu le gel en 1986, je n’ai pas couru un Quinté+, où elle était favorite. Elle a sauté une barrière et s’est fracturée les reins. Forcément, carrière terminée. Comme je n’étais pas riche à l’époque, je n’avais pas les moyens d’aller aux très bons étalons américains, et les moyens étalons américains ne me plaisaient pas. Il fallait aller aux bons, sinon ce n’était pas la peine. Jean-Baptiste [Bossuet] avait Ténor de Baune, moi je l’adorais. Son papier me plaisait et Neresse était très bien née, sa grand-mère était Miss des Ramiers, trois fois deuxième du Prix de Cornulier. J’ai donc fait un arrangement avec lui. C’est comme ça que l'on a eu Fleuron Perrine et son frère Hermès Perrine, également un vainqueur de Critérium des 4 Ans. Cela a permis de lancer Ténor de Baune en tant qu’étalon et moi de gagner quelques belles courses.

Avec Jorky, ce sont les deux seuls trotteurs à avoir réalisé cet exploit.

Quand avez-vous senti que Fleuron Perrine était de la graine de champion ?

Dès l’âge de 2 ans, j’ai senti que Fleuron était de la graine de champion. J’étais allé le voir s’entraîner à Meslay-du-Maine parce que des Belges voulaient acheter des poulains, mais on a vu tout de suite qu’il était bon. De toute façon, quand on gagne les trois Critériums, il est forcément doué. Avec Jorky, ce sont les deux seuls trotteurs à avoir réalisé cet exploit.

Comment abordiez-vous les Critériums ?

Je n’ai jamais été très tendu quand c’était Jean-Baptiste qui entraînait et menait les chevaux. On allait aux courses ensemble, un coup on a failli tomber en panne d’essence, mais j’avais tellement confiance en lui que j’étais très serein. Il me disait que les courses, ça allait se passer comme ça ou comme ça et cela se passait toujours comme il disait. Avant les Critériums, je savais qu’on n’allait pas taper loin. J’étais beaucoup moins tendu qu’avec Unabella Perrine et Django Riff.

On était tombé sur Jeremy Irons, Gérard Depardieu et Leonardo DiCaprio. Ils tournaient « L’Homme au masque de Fer » au Mans à l’époque

Quel Critérium vous a le plus marqué ?

Le Critérium des 4 Ans, je m’en souviens bien. Pour sa course préparatoire, il y avait eu un faux départ et il était parti à l’amble. On était un petit peu dans le doute avant la course. La veille au soir, j’étais deuxième avec Heureuse Gavraise, je suis resté à Paris chez Patrick Mottier. Il confirmait sa victoire du Critérium des 3 Ans. Il avait une vitesse de base hors du commun. Il pouvait être dernier à la sortie du tournant final, il venait mettre tout le monde d’accord. Cela s’était très bien passé. Avec Jean-Baptiste, on était reparti en voiture, on s’était arrêté au restaurant et on était tombé sur Jeremy Irons, Gérard Depardieu et Leonardo DiCaprio. Ils tournaient « L’Homme au masque de Fer » au Mans à l’époque. Cela aurait été aujourd’hui, il y aura eu une émeute (rires). Pour le Critérium des 5 Ans, Jean-Baptiste avait vraiment tout misé sur cette course-là.

Pouvez-vous décrire Fleuron Perrine pour ceux qui ne l’ont pas connu ?

C’est un cheval bai qui avait un front très large, comme beaucoup de ses produits. Il n’était pas très grand mais avait une amplitude de gestes énorme. Ses points forts ? Il était très maniable, on pouvait tout faire avec lui dans un parcours, et là où il était le plus fort, c’est quand il était caché, il avait ensuite une vitesse incroyable. Son seul point faible, il pouvait monter en pression quand il y avait un faux départ. Sinon, il était facile à entraîner, facile tout le temps."